Il se compose de quatre magnifiques objets : Le Reliquaire du voile, la Crosse dite de Ste. Aldegonde, la Chasuble aux perroquets et la Statue de Ste Aldegonde du 16ème siècle. Actuellement trois de ces objets (Le Reliquaire du voile, la Crosse dite de Ste. Aldegonde et la Statue de Ste Aldegonde) sont exposés dans la chambre forte situé dans l’aile gauche de l’église St. Pierre et St. Paul de MAUBEUGE.
Ce voile que le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, posa sur le front d’Aldegonde, au moment où elle se consacrait au Seigneur dans l’église abbatiale d’HAUMONT, existe encore de nos jours. Il est d’une étoffe très légère, sorte de crêpe en laine brune de couleur naturelle.
A l’origine, ce voile était dans un coffre d’argent. Le 16 juin 1469, l’évêque de CAMBRAI Jean de BOURGOGNE délégua Jean BACCART, abbé de LIESSIES, Jean GOSSELET, abbé de MAROILLES et Estienne DUBOIS, doyen de la chrétienté de MAUBEUGE pour le transfert du voile dans un reliquaire en vermeil où il se trouve encore aujourd’hui.
Cette translation est constatée par un acte public roulé dans le voile et celui-ci enroulé dans un cylindre de cristal placé horizontalement et fermé à chaque extrémité par un opercule en orfèvrerie ouvragé et enrichi de pierres fines.
Il est soutenu par les mains de deux archanges agenouillés. Ils ont les ailes étendues et sont vêtus de l’aube, du cordon et de l’étoile croisée sur la poitrine. Les anges reposent sur un soubassement que supporte des feuilles ou crosses végétales.
Entre les deux anges se dresse le pied qui porte réellement le cylindre. Dans son extrémité supérieure, le pied est décoré de motifs d’architecture représentant des branches et des fleurs.
Au dessus du cylindre de cristal s’élève un baldaquin ajouré dont le style dénote la fin du XVème siècle. Il se termine par une lanterne et un nœud hexagonal portant la croix.
Le baldaquin abrite la statuette de Ste. Aldegonde. Elle est représentée en costume d’abbesse, tenant la crosse de la main droite et agenouillée devant un prie-Dieu qui porte ouvert son livre d’heures. Au dessus de sa tête, la colombe tient en son bec le voile.
Ce reliquaire a été conservé pendant la Révolution par la comtesse de GHISTELLE, l’une des dames aînées du Chapitre.
En 1821 il a été remis par M. le baron BLONDEL de BEAUREGARD, à M. l’abbé BENEVOT, curé doyen de MAUBEUGE.
Son identification est incertaine, il porte un poinçon d’orfèvre de la guilde de VALENCIENNES (un lion rampant) et un autre poinçon d’orfèvre qui représente une grappe de raisin qui aurait pu servir de monogramme à Michel VIGNERON orfèvre à MONS en Belgique.
Cela peut paraitre décevant pour la croyance populaire légendaire, mais la crosse « dite de Ste. Aldegonde » n’a jamais appartenu à la Sainte Abbesse. L’usage de la crosse ne fut pas connu dans les abbayes avant la fin du 9ème siècle.
Elle porte le nom de « Crosse de Ste. Aldegonde » parce que, dans les solennités, on la plaçait aux mains des statues. Dans notre cas, celle de Ste. Aldegonde.
Elle fut rendue à l’église de MAUBEUGE en 1855 par la baronne TORNACO, née comtesse de MELLO, ancienne chanoinesse du chapitre Ste. Aldegonde.
Elle est composée de deux portions bien distinctes par la matière et l’âge : la hampe du 11ème siècle qui est en bois de buis et la volute en vermeil du 15ème siècle. La hampe est composée de trois sections réunies par un manchon et une forte vis. Elle est sculptée d’une trentaine de tableaux entaillés racontant la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voici du bas vers le haut les appellations des tableaux : Annonciation, Visitation, Nativité, Annonce aux Bergers, le voyage des Mages à cheval, l’adoration des Mages, l’ange qui prévient les Mages en songe, l’apport des présents au Temple, la Présentation de Jésus au Temple, Massacre des Innocents, Fuite en Egypte, Baptême du Christ, Tentation dans le désert, Entrée à Jérusalem, Lavement des pieds, la Cène, Jardin des oliviers, Arrestation du Christ, Flagellation, Portement de la Croix, Crucifixion, Résurrection des morts, Descente de Croix, Résurrection, Descente aux limbes, Les Saintes Femmes au tombeau, Noli me tangere, Disciples d’Emmaüs, Christ marchant sur les eaux, Incrédulité de Thomas, Ascension et Pentecôte.
La volute : du 15ème siècle. On l’attribue au frère Hugo d’Oignies un des plus grands orfèvres de l’époque de la Vallée de la Meuse.
Les faces latérales de la volute sont décorées de deux scènes de châsse. D’un côté un chasseur avec un chien qui poursuit un serf, un sanglier et un lièvre ; de l’autre un chasseur avec un lévrier qui poursuit un lièvre, un cerf et un sanglier. La face dorsale de la volute est décorée d’un rinceau de fraisiers avec feuilles et fruits.
Il existe en France trois autres hampes historiées sorties du même atelier aux sculptures identiques à s’y méprendre. Ce sont celles de saint Gauthier à PONTOISE, de saint Aubin à ANGERS et de saint Gibrien à REIMS.
La Chasuble.
La tradition prétend qu’elle a été faite par Ste. Aldegonde pour l’offrir à St. Emebert, son parent, qui succéda à St. Vincicien sur le siège épiscopal de CAMBRAI.
Mais la coupe de cette chasuble ne correspond pas à celle que l’on portait au 7ème siècle ni par les évêques des 10ème et 13ème siècles. Seule la nature du tissu pourrait faire penser qu’elle pourrait dater du 7ème siècle. Le motif se compose de deux perroquets adossés, détournant la tête pour se regarder. Ils reposent sur une plante fantastique aux ramifications nombreuses.
Actuellement elle n’est pas exposée dans le trésor, nous ne pouvons y joindre de photos.
Textes de référence : « Vie et Gloire de Sainte Aldegonde par un moine de l’abbaye bénédictine de WISQUES – Histoire de Sainte Aldegonde Patronne de MAUBEUGE par Edmond LEROY - Connaissance des arts »
Jean Yves Boez