Maubeuge
église Saint-Pierre et Paul
architecte : André Lurçat
Le projet de l'Église de Maubeuge remonte à 1947. Son exécution date de 1956~1958.
Le programme demandait, malgré la modicité des crédits de reconstruction alloués, une nef pouvant contenir un millier de fidèles, et deux chapelles latérales, de 60 à 80 places chacune.
Située dans le plan d'urbanisme en position frontale, toute la composition du plan et des façades a été fondée sur cette présentation particulière. L'importance de l'édifice ne pouvait donc se sentir qu'exceptionnellement par son volume, il fallait alors une composition donnant toute sa valeur à la façade, en en étirant la largeur au maximum, et en la dotant des éléments plastiques les plus accentués, en l'enrichissant aussi avec des moyens dépassant ceux de l'architecture, enfin en la complétant par un clocher dégagé du volume général et s'élançant du sol à 43 m de hauteur. Ainsi était créé un jeu plastique basé sur le contraste : d'une part, du plan vertical de l’avant de la nef avec ses 12 m de hauteur et son vitrage translucide de 6 m sur 14 m, et le porche animé de trois courbes en accolade et profondément ombré par la saillie de ses dalles d'abri ; d'autre part de ces éléments relativement petits de dimension avec le jet du volume prismatique du clocher.
Le plan traduit, par sa simplicité, cette volonté de donner le maximum de largeur en façade, la nef se rétrécit progressivement en venant, joindre le demi-cylindre du chœur, chœur d'ailleurs doublé d'un déambulatoire accusant les profondeurs du volume intérieur général.
Les effets sont tirés, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, de la grande simplicité des formes, de leur continuité de développement dans l'espace, de proportions soigneusement étudiées et équilibrées. La couleur venant, à l'intérieur, accuser les surfaces, augmenter les perspectives, fermer certains volumes secondaires.
La lumière naturelle n'est introduite qu'en certains points : façade de la nef, fond des chapelles, amorce du déambulatoire, enfin lumière tombant au~dessus du chœur, accusant la clarté de celui-ci.
Réalisée en béton armé bouchardé, la structure d'ensemble se compose de colonnes rectilignes qui supportent des arcs tendus auxquels fut suspendu le plafond plat ; et des murs en double voile de béton qui permettent de trouver, à l'intérieur, une modulation plus active des surfaces qu'à l'extérieur, et la mise en place à chaque travée, de gorges verticales contenant, chacune une bande de 12 m de haut de tubes luminescents.
Ainsi, le soir, toute la lumière intérieure se trouve dirigée vers le chœur, l'encadrant et le mettant en valeur par son intensité progressive.
La mosaïque de la façade, fut exécutée, sur les cartons de Jean Lurçat, en émaux de Murano, par le céramiste Michel Schmidt Chevalier et son équipe. Les statues des Saints Pierre et Paul, situés en haut et à droite de la façade, sont de Félix Roulin.
A. LURCAT, architecte