Le jeudi 25 décembre 2008
Homélie pour je jour de Noël
Le Verbe est la vraie Lumière qui éclaire tout homme
église Saint Pierre Saint Paul de Maubeuge
Au commencement... Au commencement... c’est le premier mot de l’évangile selon Saint Jean, le premier mot de ce texte que l’Église lit chaque année le matin de Noël. Après avoir médité cette nuit le récit de la naissance dans l’Évangile de Luc, c’est l’invisible de Noël, sa dimension divine, cosmique qui nous est révélé par Jean.
Au commencement... Les premiers mots de l’Évangile de Jean nous ramènent aux premiers mots du livre de la Genèse. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l'abîme, et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. La nuit de Bethléem et la nuit de la Genèse ne sont qu’une seule et même nuit : celle de l’absence et de l’attente, celle du projet et de la germination.
Le ciel et la terre n’étaient qu’attente, n’étaient que désir. Dieu retenait son souffle. Et dans la nuit de Bethléem, dans la nuit de la Genèse, jaillit un cri, le cri d’un enfant qui vient de naître. Et dans la nuit jaillit une Parole : Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres.
Dieu crée le monde par sa Parole. Et l’évangile de Jean présente cet enfant qui vient de naître comme le Verbe, c’est à dire comme la Parole, la Parole de Dieu. Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Cet enfant qui vient de naître, il est la Parole de Dieu qui a pris notre chair, notre humanité, pour que toute oreille, tous les coeurs puissent être touché par l’Amour de Dieu. Cet enfant qui vient de naître, il est Parole de Dieu, depuis la Genèse. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui.
Par lui tout s’est fait, et tout va se faire de nouveau. La naissance de cet enfant, c’est la rédemption, c’est une création nouvelle. En lui tout recommence, tout est de nouveau possible, pour chaque être humain et pour l’humanité toute entière. On mesure le poids et le sens des mots que Jean a choisi en Genèse pour commencer son Évangile. Aucun n’est choisi par hasard. Jean nous révèle le dessous des cartes, l’invisible de Noël.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. Quelques mots qui disent déjà tout l’évangile. Quelques mots qui nous entraînent de Nazareth à Capharnaüm, de Jéricho à Jérusalem, sur les places et dans les déserts, dans la rencontre solitaire avec la Samaritaine ou au milieu des foules de la multiplication des pains.
Si souvent, la rencontre avec Jésus, c’est une vie bouleversée, transformée. C’est la lumière qui jaillit dans les ténèbres, dans les épreuves de l’existence. Célébrer Noël, c’est la chance offerte à chacun de nous, de faire le point sur son chemin de vie, sur son itinéraire spirituel.
Qui de nous, n’est pas dans l’attente de cette rencontre avec le Christ ? dans l’attente d’être illuminé, de voir sa vie bouleversée et transformée ? Beaucoup d‘entre nous ont vécu cette rencontre, un moment de leur vie, comme une expérience fugitive, comme un coup de vent qui passe. Certains ont vu leur vie transfigurée, durablement.
C’est notre foi, notre espérance de croire que la rencontre avec le Christ, que la transfiguration de notre vie est possible pour chacun de nous. Une telle expérience ne se commande pas mais on peut s’y préparer.
Au commencement.... La terre était informe et vide... Notre vie n’est-elle pas trop pleine de toute sorte de choses, qui ne laissent plus place à l’attente et au désir. Préparez les chemins du Seigneur. Préparer cette rencontre, c’est choisir le désert. Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Choisir le désert, c’est renoncer à l’inutile et au superflu de notre existence. Plus encore, c’est sans doute renoncer à une part de l’utile et du nécessaire. À quoi Joseph et Marie ont-ils renoncé, pour accueillir la Parole de Dieu ?
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu.
Choisir le désert, choisir le désir de Dieu nous expose, nous met en danger. Le monde n’a pas reconnu le Christ. Et souvent, le monde ne reconnaît pas, n’accepte, ceux qui choisissent de mettre l’Évangile au coeur de leur vie. Choisir le désert, c’est risquer la solitude et l’incompréhension. Mais c’est croire, croire qu’à notre tour nous pouvons devenir enfant de Dieu, que nous pouvons naître de Dieu.
Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu.
Être baptisé, communier, s’engager dans le sacrement du mariage ou de l’ordre, sont aujourd’hui comme autant de pierres d’attente par lesquelles l’Église nous dit : Dieu est avec toi ; Dieu t’attend ; Toi aussi, aujourd’hui ou demain, tu peux naître de Dieu, tu peux voir ta vie transformée, tu peux avoir part à la plénitude de l’Évangile, tu peux connaître le Fils unique, qui est dans le sein du Père.
Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut, celui qui vient dire à la cité sainte : « Il est roi, ton Dieu ! » La joie, l’immense joie de Noël, c’est de découvrir la lumière qui éclaire tout homme et qui change ma vie. La joie, l’immense joie de Noël, c’est de ne pas garder cette lumière pour moi mais de me faire, le messager de bonne nouvelle dont parle le prophète Isaïe, de porter autour de moi et au monde, la lumière et la joie de Dieu. Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie... car le Seigneur a consolé son peuple...
Joyeux Noël.
Amen.